Tierra de Ahulema

Tierra de Ahulema

sábado, 8 de enero de 2011

Poeta invitado: CHARLES BAUDELAIRE "Lo irremediable"



I


Une Idée, une Forme, un Etre
Parti de l'azur et tombé
Dans un Styx bourbeux et plombé
Où nul oeil du Ciel ne pénètre;

Un Ange, imprudent voyageur
Qu'a tenté l'amour du difforme,
Au fond d'un cauchemar énorme
Se débattant comme un nageur,

Et luttant, angoisses funèbres!
Contre un gigantesque remous
Qui va chantant comme les fous
Et pirouettant dans les ténèbres;

Un malheureux ensorcelé
Dans ses tâtonnements futiles
Pour fuir d'un lieu plein de reptiles,
Cherchant la lumière et la clé;

Un damné descendant sans lampe
Au bord d'un gouffre dont l'odeur
Trahit l'humide profondeur
D'éternels escaliers sans rampe,

Où veillent des monstres visqueux
Dont les larges yeux de phosphore
Font une nuit plus noire encore
Et ne rendent visibles qu'eux;

Un navire pris dans le pôle
Comme en un piège de cristal,
Cherchant par quel détroit fatal
Il est tombé dans cette geôle;

— Emblèmes nets, tableau parfait
D'une fortune irrémédiable
Qui donne à penser que le Diable
Fait toujours bien tout ce qu'il fait!


II


Tête-à-tête sombre et limpide
Qu'un coeur devenu son miroir!
Puits de Vérité, clair et noir
Où tremble une étoile livide,

Un phare ironique, infernal
Flambeau des grâces sataniques,
Soulagement et gloire uniques,
— La conscience dans le Mal!




I

Una idea, una forma, un ser
que del azul ha descendido
hasta el Estigio cenagoso,
del ojo del cielo perdido;

un angel, viajero imprudente,
al que tentó todo lo deforme
y que ahora agita los brazos
en una pesadilla enorme,

luchando como un nadador
en un gigante remolino;
un loco que hace piruetas
en la tiniebla del camino;

un embrujado sin ventura,
un sabedor que nada sabe,
y en calabozo de retepiles
no encuentra la luz, ni la llave;

un condenado que oscuras baja
una interminable escalera
sin barandal-olor a humedad
del negro abismo que le espera,

con monstruos viscosos que aguardan
la pupila fosforescente,
y hacen día de la tiniebla
para ellos unicamente-;

un navío en un mar helado
como en un cepo de cristal
y sin saber qué derrotero
le condujo a la trampa fatal.

-signos claros, cuadro perfecto
de una fortuna irremediable
que hace pensar que el diablo procede
siempre de modo irreprochable.


II

¡Diálogo sombrío de un alma
convertida en su propio espejo!
pozo de verdad, claro y negro,
donde una estrella da su reflejo;

antorcha de satánica fiesta,
y faro irónico, infernal,
único alivio, única gloria.
La conciencia dentro del mal.

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